Par Laurent Petitgirard, compositeur, chef d'orchestre, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts
De l’audace, encore de l’audace...
Être l’édifice le plus haut du monde, le plus coûteux ou le plus grand ne suffit pas à assurer une notoriété pérenne, ni à en faire le symbole d’une ville ou d’un pays.
Il y aura toujours un nouveau bâtiment encore plus haut, plus coûteux et plus grand, la force d’une œuvre architecturale ne réside pas dans ces considérations prosaïques.
L’audace, l’originalité, la poésie, le geste architectural et l’adéquation avec une cité ou un paysage constituent des paramètres beaucoup plus essentiels que ceux liés à de pseudo-records qui seront inévitablement dépassés.
À une époque où les progrès de la science suscitent la méfiance, les nouvelles technologies le doute et où la parole des scientifiques est sans cesse remise en cause, c’est précisément parce qu’elle incarne un rêve qui a engendré une prouesse technique et non pas l’inverse que la tour Eiffel semble être avant tout perçue comme une représentation du génie humain.
Mais si cet extraordinaire élan vers le ciel, qui provient de la pureté formelle de l’édifice, nous a toujours fascinés, c’est aussi par l’espace aéré de son parvis sur lequel, jusqu’à un passé récent, les enfants couraient au milieu des marchands de glaces.
Des normes de sécurité drastiques, malheureusement inévitables, l’ont transformé en un espace sécurisé semblable au contrôle des visas dans un aéroport, c’est plus que frustrant, c’est totalement antinomique avec le sentiment de liberté que procure la tour Eiffel.
Je remercie vivement tous les intervenants qui ont enrichi ce dossier que nous avons voulu consacrer à ce chef d’œuvre né de l’audace, de l’imagination et du courage.