Ernest Pignon-Ernest est né à Nice en 1942. Il vit et travaille à Paris et Ivry.
Depuis les années 1960, il a fait de la rue un art éphémère qui en exalte la mémoire, les événements, les mythes, les révoltes, les personnalités hors normes. Inscrits de nuit dans des contextes précisément choisis et pour lesquels ils ont été conçus, ses dessins s’apparentent à ses fictions surgissant par effraction dans le champ du réel et qui en bouleversent autant l’appréhension que les perspectives et les habitudes.
En 1966 il quitte Nice et s’installe dans le Vaucluse où il réalise sa première installation in situ. Pour alerter sur la force de frappe nucléaire, il imprime des pochoirs d’images inspirées d’Hiroshima sur les murs et les routes qui mènent au plateau d’Albion. En 1971, centième anniversaire de la Commune, il investit les lieux des dernières barricades à Paris avec des centaines de sérigraphies de gisants grandeur nature, notamment sur les marches du Sacré Cœur.
Dans les années 1970 à 1980, il réalise de nombreuses interventions sur des thèmes sociaux et poétiques, notamment son portrait d’Arthur Rimbaud collé de Paris à Charleville-Mézières. En 1979, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris présente, à l’initiative de Suzanne Pagé, un ensemble de ses travaux qui révèlent la singularité du travail de dessin, indissociable d’une réflexion sur l’espace urbain et son histoire.
En 1988 et jusqu’à la fin des années 1990, il entreprend à Naples des interventions qui le conduiront à interroger les mythologies grecques, romaines, chrétiennes. Il développe un dialogue avec la peinture caravagesque et des installations inspirées des textes des grandes mystiques chrétiennes (2008/2022).
En 2015, à Rome, Naples et Matera, il crée des œuvres qui abordent le thème de la mort de Pasolini. En 2022, grâce à l’initiative du Fonds Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau, une vaste rétrospective est conçue par Jean de Loisy à ce sujet. Celle-ci rassemble des croquis préparatoires, des études et des photographies exposant le processus artistique de cette démarche.
Les autres principales expositions qui ont marqué la carrière de l’artiste sont : « Ernest Pignon-Ernest » au Musée des Beaux-Arts de Pékin (1986), « Napoli, lavori in corso » à la Galerie Lelong Paris (1990), « Ernest Pignon-Ernest » à la Pinacothèque de Munich (1995), « Extases » au Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis (2010), « Traits de Génie » au Palais des Beaux-Arts de Lille (2014), une rétrospective au MAMAC de Nice en 2016, et une intervention au Musée Ingres de Montauban en 2016.
Récemment, l’artiste a exposé à la Chapelle du Palais des Papes à Avignon (2020) et à l’Espace d’Art Moderne et Contemporain à Brioude, avec « L’écho du monde », conçu par Jean-Louis Prat où l’on découvrait ses travaux de Palestine, Haïti et Soweto (2023).
De nombreux livres ont également été dédiés à l’oeuvre d’Ernest Pignon-Ernest, notamment ceux écrits par André Velter tels que Ernest Pignon-Ernest, Pour l’amour de l’amour, Ceux de la poésie vécue et Dans la lumière déchirante de la mer. Face aux Murs, publié par les Editions Delpire, a réuni 57 auteurs. La monographie Ernest Pignon-Ernest par Jean de Loisy, Le Miracle du dessin selon Ernest Pignon-Ernest de Gerard Mordillat, et Conversation avec Ernest Pignon-Ernest de Roger-Pierre Turine font également partie de cette collection de travaux dédiés à l’artiste.
[© Académie des beaux-arts / Edouard Brane]
08/11/2023