Grands Prix de l'Académie des beaux-arts
Sur la proposition de Laurent Petitgirard, son secrétaire perpétuel, l’Académie des beaux-arts a créé, en 2023, les « Grands Prix de l’Académie des beaux-arts ». Ces distinctions complètent la cinquantaine de prix que l’Académie attribue déjà chaque année.
9 Grands Prix, correspondants aux 9 sections de l’Académie (peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, composition musicale, membres libres, cinéma et audiovisuel, photographie, chorégraphie) vont être décernés, à raison de 3 par an. Ils viennent mettre à l’honneur des artistes de nationalité française ou étrangère s’étant illustrés grâce à l’excellence de leur carrière ou le caractère particulièrement remarquable d’une œuvre récente ou d’une action récemment menée. Ces prix sont dotés de 30 000 euros chacun, financés par l’Académie. Cette somme est mise à la disposition de chaque lauréat, invité à la répartir entre plusieurs artistes dont il apprécie l’œuvre ou l’action.
En 2024, le Grand Prix de l'Académie des beaux-arts en composition musicale a été décerné à Georges Aperghis.
Georges Aperghis
Georges Aperghis a certainement acquis la liberté de se placer sur le fil de l’acrobate, de risquer la chute. Mais à la différence de certains autres, il sait que quand l’acrobate tombe, il ne tombe pas dans le vide, il tombe sur d’autres fils, auquel cas il peut sauter, d’autant plus !! Le danger, on peut le négocier, on peut jouer avec, le mettre en horizon, en faire un point de ligne de fuite. Chez lui, il est toujours là, il réémerge sans cesse, à toute occasion, à chaque fois que sont introduits des éléments d’irruption, non pas pour créer des points de rupture avec la chaîne de complexité formelle, mais pour amener d’autres matières d’expression.
Extrait de L’hétérogenèse, un entretien entre Felix Guattari et Georges Aperghis
retranscrit par Antoine Gindt
Georges Aperghis est né à Athènes en 1945. Il vit et écrit à Paris depuis 1963. Son œuvre se distingue notamment par un questionnement sur les langages et le sens. Ses compositions, qu’elles soient instrumentales, vocales ou théâtrales, explorent les frontières de l’intelligible.
L’œuvre de Georges Aperghis ne peut formellement se rattacher à aucune des esthétiques musicales dominantes de la création musicale contemporaine. Elle s’inscrit dans son siècle par un dialogue avec d’autres formes d’art et par une ouverture radicale à l’autre. Cette altérité se conjugue avec innovation lorsqu’il intègre à ses spectacles des machines, des automates ou des robots. Georges Aperghis travaille étroitement avec un groupe d’interprètes qui participent pleinement au processus de création de ses spectacles. Ce sont des comédiens (tels qu’Édith Scob, Michael Lonsdale, Valérie Dréville, Jos Houben), des instrumentistes (tels que Jean-Pierre Drouet, Richard Dubelski, Geneviève Strosser, Nicolas Hodges, Uli Fussenegger) ou des vocalistes (Martine Viard, Donatienne Michel Dansac et Lionel Peintre). À partir des années 1990 s’ajoutent de nouveaux modes de collaborations avec la danse (Johanne Saunier, Anne Teresa De Keersmaeker) et les arts visuels (Daniel Lévy, Kurt D’Haeseleer, Hans Op de Beeck). Les principaux ensembles de musique contemporaine européens ont développé une relation de travail avec Georges Aperghis à travers des commandes régulières (comme par exemple les ensembles Ictus, Klangforum Wien, Remix, Intercontemporain, ou les Vocalsolisten et le chœur de SWR Vokalensemble Stuttgart).
Parmi ses distinctions récentes nous pouvons citer le Prix Mauricio Kagel 2011, le Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre à la Biennale de Venise 2015, le Prix des Frontières de la connaissance 2016 dans la catégorie Musique Contemporaine - Fondation BBVA, le Prix de la Fondation Kaske Munich 2016, le Grand Prix SACD 2018, le Prix Ernst von Siemens Musikpreis 2021.
Les artistes soutenues par Georges Aperghis
Anahita Abbasi
Anahita Abbasi est une compositrice iranienne de musique acoustique et électroacoustique. Elle a étudié la composition avec Beat Furrer et Pierluigi Billone à l’université KUG en Autriche et a travaillé en étroite collaboration avec Georges Aperghis, Franck Bedrossian et Philippe Leroux. En 2014, elle s’est installée aux États-Unis pour préparer un doctorat en composition avec Rand Steiger à l’université de San Diego. Elle vit à New York et à Paris, où elle a bénéficié d’une résidence à la Fondation Singer Polignac.
Aurélie Allexandre d’Albronn
Diplômée du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, la violoncelliste Aurélie Allexandre d’Albronn crée en 2022 l’ensemble à géométrie variable Les Illuminations et oriente sa quête sur l’intertextualité entre littérature, poésie et musique. Aussi portée par la nécessité de mettre les enjeux de la modernité au coeur du projet de l’Ensemble, elle a publié Le Jardin d’Afrique, lieu-dit pour un non-dit, devenu livret de l’opéra de Benjamin Attahir. Elle prépare son second recueil, Un jour les étoiles.
Bianca Chillemi
La pianiste Bianca Chillemi obtient un master dans la classe de lied et mélodie d’Anne Le Bozec et Emmanuel Olivier au CNSMDP, et un master dans la classe de direction de chant d’Erika Guiomar. Elle a travaillé sur le Voyage à Reims de Rossini à l’abbaye de Royaumont, opéra mis en scène par Stephan Grögler et sur la production de la Cité de la Musique à Paris de l’opéra de Betsy Jolas, Iliade L’amour, sous la direction de David Reiland. Elle est cheffe de chant sur l’opéra I.D., une création du compositeur Arnaud Petit. En 2012, elle fonde l’Ensemble Maja.
La cérémonie de remise du Grand Prix
Le Grand Prix de l'Académie des beaux-arts en composition musicale a été remis à Georges Aperghis par Edith Canat de Chizy, membre de la section de composition musicale, le mercredi 26 juin 2024 sous la Coupole du Palais de l'Institut de France. La cérémonie a été suivie d'une conversation avec Georges Aperghis, Anahita Abbasi, Aurélie Allexandre d’Albronn et Bianca Chillemi animée par Anne Montaron.
Découvrez la cérémonie sur la chaîne YouTube de l'Académie des beaux-arts.