Jadis installé au rez-de-chaussée du pavillon ouest du Palais de l’Institut, le musée Ermance Marchoux, communément appelé musée de Caen, a abrité entre 1879 et 1958 une riche collection de peintures, sculptures et dessins d’architecture exécutés par les anciens pensionnaires de la Villa Médicis.
Les locaux, attribués par décret le 24 juin 1872 à la jouissance de l’Académie des beaux-arts, sont aménagés en vue de l’accueil des futures collections dès le mois de décembre 1876. À partir de 1879, le musée s’enrichit régulièrement de trois nouvelles œuvres par an et se pare d’un programme décoratif avec la mise en place en 1881 de deux panneaux situés de part et d’autre de l’entrée jusqu’en 1958, La Pensée et Le Travail par Albert Besnard, puis de deux plafonds peints marouflés, La Villa Médicis couronnant la comtesse de Caen par François Schommer en 1883 et La Peinture française à la Villa Médicis par Théobald Chartran en 1884, toujours visibles in situ.
Jusque dans les années 1920, la présentation des collections sur les cimaises et dans les salles du musée semble correspondre à l’ordre d’arrivée des œuvres, bien que toutes n’y soient pas exposées faute d’espace suffisant et trouvent parfois refuge dans le grenier ou le sous-sol du pavillon comtesse de Caen. Les conditions de conservation n’étant pas optimales, beaucoup d’entre elles semblent s’être dégradées notamment sous l’effet de l’humidité consécutive à la crue de la Seine en 1910.
À compter de 1924, la place venant décidément à manquer, certaines pièces jugées trop volumineuses pour être exposées au musée trouveront désormais asile dans d’autres lieux de dépôts. En 1937, une réflexion menée par les membres de l’Académie des beaux-arts sur les espaces d’exposition entraîne le déménagement de nombreux objets, – dont une quarantaine vers le domaine de Chantilly en 1938 –, et la réorganisation sur les cimaises des plus belles pièces de la collection augmentées de quelques nouvelles œuvres.
En 1958, le musée est vidé de ses collections en raison d’importants travaux de réaménagement des locaux. Au fil des ans, les œuvres seront dispersées dans différents lieux de stockage tant à l’Institut de France qu’à l’extérieur de ses murs.
Si le musée n’a jamais été ouvert officiellement au public faute d’un budget de fonctionnement suffisant, il a en revanche accueilli un grand nombre d’événements tout au long de son histoire : épreuves de concours, cérémonies de remises de prix, réceptions officielles et concerts mensuels institués après 1916 par Charles Marie Widor dont l’orgue a trôné en majesté dans l’une des salles du pavillon de 1915 à 1980.
par France Lechleiter