Par Vladimir Velickovic, membre de la section de Peinture
« Le plus important dans ma peinture est la figure humaine, l’homme perdu dans un espace imaginaire. Mais il est souvent entouré d’animaux. Mon bestiaire à moi se compose de chiens, de rats, de quelques rapaces, des bêtes plutôt agressives, violentes.
Mes dessins, mes peintures, et aussi mes sculptures n’ont jamais été « un plaisir pour les yeux », selon le commentaire qui en est fait depuis mes débuts. Ce que je peins et dessine dit le monde qui nous entoure. Je ressens mon travail comme une forme de résistance.
Le chien était présent dans mes dessins et peintures dès le début. Je représente ses mouvements, il n’est qu’os et muscles, et témoigne de ce qui semble pour moi l’énergie la plus vitale, celle qui consiste à courir, à fuir l’inconnu, ce qui revient à foncer dans le temps qui nous dévore. Ça a été la série Variation sur le thème de l’autoportrait.
Le corbeau est un charognard. Son vol n’est jamais innocent et il ne connaît pas le repos. Prédateur, il surveille, repère sa proie. II va passer à l’acte. Son plumage est noir, un noir d’encre. Noir comme le destin qu’il promet à sa victime.
Le rat, c’est le dernier des survivants d’un monde à sa fin. Agressif, c’est un habitant des sombres bas-fonds. Expérience est le titre de plusieurs dessins et peintures. Il est au milieu des instruments, servant de cobaye pour des recherches scientifiques. Il peut tenir aussi d’autres rôles dans lesquels il n’est plus la victime mais l’agresseur. Dans la suite Agressions, il attaque.
Quant à la blessure originelle qui m’a conduit à ces « choix », c’est celle de la tourmente des hommes qui ne peuvent échapper à leur destin. Ils fuient vers nulle part. Égarés, impuissants devant l’aveuglement de la violence qui règne et domine le monde depuis les débuts de l’humanité, la raison ne leur est d’aucun secours. C’est ce qui fonde mon corpus. Mais je refuse d’accepter les commentaires qui verraient dans mes images une violence équivalente à celle que l’homme ne cesse d’infliger à l’homme. » ■