Né à Paris en 1856, Paul Marmottan est le fils d’un industriel originaire des Flandres. Après une scolarité au réputé collège de Juilly puis des études de droit à l’université d’Aix-en-Provence, il entame une carrière dans la haute fonction publique en devenant conseiller à la préfecture de l’Eure. Mais sa véritable passion est pour l’art et l’histoire, et lorsqu’en 1883 son père décède et qu’il se voit subitement à la tête d’une grande fortune, il a tout le loisir de s’y consacrer.
Il s’installe alors dans l’ancien pavillon de chasse acheté par son père à proximité du bois de Boulogne, qu’il transforme peu à peu en hôtel particulier (aujourd’hui le musée Marmottan-Monet) et décore de meubles, tableaux et objets d’art de l’Empire. L’époque napoléonienne est en effet sa période de prédilection. Mais c’est moins la geste de l’empereur et ses hauts faits sur les champs de bataille qui l’intéressent que la manière dont l’Empire est administré jusque dans ses principautés alliées. Le gouvernement d’Élisa Bonaparte, une des sœurs de Napoléon, grande-duchesse de Toscane et mécène des arts et des lettres, fait ainsi l’objet d’une étude fouillée de sa part. Car Paul Marmottan ne se contente pas d’être un amateur éclairé : il fait véritablement œuvre de chercheur. On lui doit ainsi, outre sa monographie sur Élisa parue en 1898, des ouvrages de référence sur L’École française de peinture (1789-1830) (1886), Le Peintre Louis Boilly (1913) ou encore Le Style Empire (1927). Pour ses recherches, il n’hésite pas à voyager dans toute l’Europe, jusqu’en Pologne et en Russie, et collecte plusieurs milliers de livres et documents de première main qu’il rassemble dans sa villégiature de Boulogne. Celle-ci, construite et aménagée au tournant du siècle, ne tarde pas à devenir une inestimable bibliothèque, meublée et décorée dans le goût Empire.
Humaniste, philanthrope (il destine une partie de sa fortune à l’Assistance publique), très attaché à la transmission et à la diffusion du savoir, comme à la sauvegarde du patrimoine (il est membre de la Commission du Vieux-Paris et de plusieurs associations patrimoniales), Paul Marmottan donne de son vivant de nombreux tableaux à plusieurs musées de France avant de léguer à sa mort, survenue en 1932, son hôtel de la Muette et sa bibliothèque boulonnaise (aujourd'hui bibliothèque et villa Marmottan) avec tout ce qu’elles contiennent à l’Académie des beaux-arts.
Selon la volonté de Paul Marmottan, un prix portant son nom, d’un montant de 2500 euros, récompense chaque année un ouvrage consacré à l’art.