En 2020, la Fondation Jacques Rougerie - Institut de France a créé en partenariat avec l'Académie des beaux-arts deux prix (Prix internationaux de l'Art dans l'Espace et de l'Art sous la Mer) récompensant des artistes explorant des formes nouvelles d'expression à l'échelle de l'océan et de l'espace. Ces deux prix, biennaux, sont respectivement dotés d'un montant de 10 000 euros.
Le Prix international de l'Art dans l'Espace est attribué, en 2022, à l'artiste plasticien Stefan Eichhorn.
Stefan Eichhorn
Stefan Eichhorn est né à Dresde en Allemagne, en 1980. Il s’est penché sur le sort des satellites et autres débris évoluant sur une orbite géostationnaire, à 36 200 kilomètres d’altitude, destinée à recevoir les engins hors d’usage. À partir d’une collecte documentaire, il a procédé à un recyclage fictif de ces éléments pour créer des sculptures conçues avec la plus grande fidélité et exigence de détail. Les modèles ont ensuite été photographiés comme s’ils suivaient leur course orbitale, objets célestes révélés par la lumière du soleil. Sur les clichés, trois engins spatiaux flottent dans un noir sidéral. Le regard ausculte leur relief, en suit les contours qui s’enfouissent dans l’obscurité, s’attarde sur les effets de la lumière sur les matériaux. Suspendues hors du temps dans un espace indéfinissable, ces chimères satellitaires, qui sèment le trouble sur la véracité de leur existence, nous interrogent aussi sur leur origine et leur statut.
L’histoire des contre-cultures et celle de l’évolution technologique n’ont eu de cesse de se croiser au cours des soixante dernières années jusqu’à se rencontrer parfois et développer un intérêt commun pour la construction d’un monde nouveau. C’est sur ce postulat que se bâtit une part importante de l’oeuvre de Stefan Eichhorn, sur ces utopies qui, des cultures populaires aux domaines les plus pointus de l’ingénierie spatiale, inventent des horizons. Quand il s’intéresse à l’appropriation du modèle de dôme géodésique de l’architecte Richard Buckminster Fuller par la communauté hippie, ainsi qu’à son exploitation pour des expériences scientifiques comme « Biosphère 2 », il crée un ensemble de sculptures qu’on peut lire comme le lieux de vie de communautés technophiles. L’imaginaire de la science-fiction, la conquête, l’exploitation et l’écologie spatiale, la culture populaire et scientifique... nourrissent le travail de Stefan Eichhorn, ces champs de recherches rencontrent une économie de moyens faite de recyclage et de matériaux bon-marchés. L’ailleurs utopique que convoque Stefan Eichhorn ne serait-il dès lors qu’une illusion? Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA