Pierre Cardin, membre de l’Académie des beaux-arts, a souhaité encourager les artistes en créant en 1993 cinq prix annuels, d’un montant de 7625 euros chacun, décernés à un peintre, un sculpteur, un architecte, un graveur et un compositeur sur proposition de chacune des sections concernées de l’Académie.
Les Prix Pierre Cardin 2019 ont été attribués à Julien des Monstiers (peinture), Julien Creuzet (sculpture), Lina Ghotmeh (architecture), Arnaud Rochard (gravure) et Stanislav Makovsky (composition musicale).
Julien des Monstier est né en 1983.
"Issu d’une famille qui ne le prédestinait en rien à la peinture, c’est un peu par hasard que Julien des Monstiers, à l’orée de sa vingtaine, emprunte le chemin des Beaux-Arts et entre dans l’atelier de Jean-Michel Alberola. Rencontre propice à un apprentissage singulier de la peinture, créant des ponts entre les disciplines et des filiations bienveillantes avec l’histoire des formes. De cette époque, Julien apprend l’intelligence de la main, le goût de la pensée et de la matière, le temps long d’un métier et d’une histoire à la riche mémoire. Et il avance et expérimente depuis, tenant le pinceau dans une main et,dans l’autre, une ronde d’artistes qui l’accompagnent, depuis Lascaux jusqu’à nos jours, sans temporalité linéaire. Cultivant l’ambiguïté, il développe une technique de transfert qui crée des épaisseurs et des enchevêtrements formels, entre figure et abstraction. Et il mêle les sujets et les sources, sans hiérarchie. Il y a dans sa peinture une singulière dimension décorative dans ce qu’elle a de violence, de résonance avec la vie, comme on pouvait la trouver dans l’abstraction historique, celle d’un Rouan ou d’un Pincemin, entre classicisme et avant-garde. L’ouverture de l’oeuvre y déplace sans cesse le regard entre l’empreinte de figures survivantes, saisies par traces et fragments, et le monde chamarré des textures et couleurs où se brouille l’image dans le miroir de la peinture. N’ayant de cesse de se réinventer, ayant regardé Fluxus et les mouvements ouvrant l’art à la vie, l’artiste explore les limites de la peinture hors du châssis, proche de l’installation."
Par Amélie Adamo (L’OEIL / Oct 2018)