Jean-Michel Othoniel
Directeur de la Villa Dufraine
Avec un goût prononcé pour la métamorphose, les sublimations et les transmutations, Jean-Michel Othoniel (né le 27 janvier 1964 à Saint-Étienne / vit et travaille à Paris) montre une prédilection pour les matériaux aux propriétés réversibles, poétiques et sensibles. Jean-Michel Othoniel commence par réaliser, au début des années 1990 des œuvres en cire ou en soufre qui seront présentées dès 1992 par Jan Hoet à la documenta de Cassel. L’année suivante, l’introduction du verre marque un véritable tournant dans son travail. Collaborant avec les meilleurs artisans de Murano, il explore les propriétés de ce matériau qui devient dès lors sa signature. La délicatesse du verre et la subtilité de ses couleurs participent du vaste projet de l’artiste : poétiser et réenchanter le monde.
Ses œuvres prennent aujourd’hui une dimension architecturale et rencontrent volontiers des jardins ou des sites historiques à travers des commandes publiques ou privées dans le monde entier.
En 2000, Jean-Michel Othoniel répond pour la première fois à une commande publique et, un siècle après Hector Guimard, transforme la station de métro parisienne Palais-Royal – Musée du Louvre en Kiosque des Noctambules : une double couronne de verre et d’aluminium dissimule un banc destiné aux rencontres fortuites dans la ville endormie. Sa création se partage dès lors entre les lieux publics et les espaces muséaux ; œuvres in situ ou expositions sont pour lui autant d’occasions renouvelées d’expérimenter les multiples possibilités de ses matériaux de prédilection et de décliner les thématiques qui lui sont chères.
En 2003, pour l’exposition "Crystal Palace" présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris et au MOCA de Miami, il fait réaliser à Venise et au Centre international du Verre à Marseille (Cirva) des formes de verre soufflé, destinées à devenir d’énigmatiques sculptures, entre bijoux, architectures et objets érotiques. L’année suivante, en 2004, une invitation du musée du Louvre à exposer dans les spectaculaires salles mésopotamiennes, dans le cadre de l’exposition " Contrepoint", est pour lui l’occasion de réaliser ses premiers colliers autoportant, dont la grande Rivière Blanche aux perles constellées de pointes de seins, acquise ensuite par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
En 2011, le Centre Georges Pompidou à Paris présente une importante rétrospective de son travail, "My Way".
Retraçant son parcours artistique depuis sa sortie de l’école des Beaux-arts de Cergy-Pontoise en 1988 jusqu’à ses toutes dernières œuvres, cette rétrospective rend compte de la multiplicité de ses pratiques et de ses inspirations. Après Paris, "My Way" a été présentée en 2011 au Leeum Samsung Museum of Art/Plateau de Séoul, puis en 2012 au Hara Museum of Contemporary Art à Tokyo, au Macao Museum of Art de Macao et au Brooklyn Museum de New York.
L’année 2015 est marquée par la réalisation d’un projet d’exception : le réaménagement avec le paysagiste Louis Benech du bosquet du Théâtre d'Eau dans les jardins du château de Versailles. Pour cette commande, passée à l’issue d’un concours international, Jean-Michel Othoniel crée trois sculptures fontaines en verre doré, inspirées des chorégraphies du Maître de danse du roi Louis XIV, Raoul-Auger Feuillet. L’artiste trouve à Versailles un prestige et une échelle sans précédent et réalise, avec Les Belles Danses, la première œuvre pérenne au sein du palais commandée ainsi à un artiste contemporain. Développées comme un projet d’architecture, ces trois sculptures fontaines répondent à quelques-unes des grandes orientations que le travail de l’artiste a récemment empruntées : la dimension monumentale et la relation à l’histoire qui sont de plus en plus au nombre de ses singularités.
À la fin de l’année 2018, Othoniel est élu à l'Académie des Beaux-Arts dans la section sculpture, et aide l'Académie, depuis janvier 2019, à remplir sa mission de défense, de promotion et de soutien de la création artistique.
La même année, il réalise pour Le nouveau Musée national du Qatar, conçu par l'architecte Jean Nouvel, un projet conçu à l’échelle monumentale du bâtiment. Elle comprend 114 sculptures de fontaines dont les jets d’eau évoquent les formes fluides de la calligraphie arabe.
En Septembre 2019, Jean-Michel Othoniel expose au Musée du Louvre une nouvelle série de peintures spécialement créées pour les 30 ans de la pyramide sur les murs de la cour Puget, que le Musée décide par la suite de conserver de manière pérenne dans sa collection.
A l'automne 2021, à l'invitation du directeur du Petit Palais, l'artiste investit l'ensemble du musée avec une grande exposition retrospective de ses dix dernières années de création avec plus de 70 oeuvres inédites. A cette occasion, La Couronne de la Nuit gardera son emplacement sous une des coupoles de l'édifice en rejoignant les collections permanentes.
En octobre 2021, il est nommé Directeur de la Villa Dufraine.
Jean-Michel Othoniel est chevalier des Arts et Lettres et chevalier de La Légion d'Honneur.
[crédit pour le portrait : © Brigitte Lacombe / Dior]
Site officiel : http://www.othoniel.fr/
Facebook : facebook.com/jeanmichelothoniel
Instagram : www.instagram.com/othoniel_studio
Symboles de l'épée
Le pommeau en bronze de l’épée, conçu par Johan Creten, prend la forme d’un nœud borroméen ourlé de perles. Connu pour ses œuvres monumentales en terre et en bronze, l’artiste a modelé pour l’occasion un gigantesque ruban entremêlé rappelant les vagues en porcelaine de Sèvres qu’il avait exposées au Musée du Louvre dans les salles de Palissy en 2005.
La lame de l’épée, réalisée par Jean-Michel Othoniel, est taillée dans un seul bloc d’obsidienne. Ce verre des volcans, matériau cher à l’artiste, est utilisé depuis la Préhistoire, notamment par les civilisations précolombiennes, comme arme tranchante ou outil divinatoire. Ce verre noir incarnait alors le sang figé de la terre qui, poli jusqu’au miroir, permettait aux dieux de lire l’avenir et le cœur des hommes. Jean-Michel Othoniel découvre ce matériau sombre et fascinant lors d’une excursion sur le volcan La Solfatara près de Naples en 1993. Quelques années plus tard, il imagine de nombreux grands autoportraits en obsidienne, exposés pour la première fois en 2015, au Goetheanum de Dornach en Suisse.
Cette énergie du signe de l’infini symbolisé par l’épée lie les deux artistes. L’épée-sculpture réunit ainsi pleinement leurs deux univers, alliant la fragilité et le tranchant du verre à la force sensuelle du bronze.
27/01/2022