Par Roger Bodin, président de l’Association pour la promotion de l’art typographique
En 1883, Auguste Keufer, futur secrétaire général de la Fédération du Livre, fut envoyé par son entreprise à l’exposition universelle de Boston où il découvrit le label et, à travers celui-ci, le moyen de procéder à un échange fructueux consistant, d’un côté, à valoriser le produit fabriqué et, de l’autre, à obtenir le respect du tarif négocié paritairement. Les typographes parisiens signèrent des accords qui allaient entraîner certains syndicats à s’investir dans la formation ; c’est ainsi, qu’en 1903, naquirent les cours professionnels qui furent installés 5, rue Séguier, dans le sixième arrondissement parisien, non loin du 20 de la rue de Savoie où était logée la Chambre Syndicale Typographique Parisienne.
En mai 1904 parut alors le premier numéro du Bulletin officiel des Cours professionnels, organe trimestriel qui était vendu 10 centimes. La parution fut suspendue pendant la Grande Guerre, elle reprendra en 1919. Le n° 105 (trente-quatrième année) est édité avec la mention suivante : organe trimestriel de propagande technique pour la diffusion des travaux des cours professionnels ; il est daté octobre 1937 et vendu 5 francs.
De 1939 à 1950 la Seconde Guerre mondiale interrompt une nouvelle fois la parution du Bulletin sauf un numéro exceptionnel de cent trente pages.
La première parution de Graphê sous- titré « n° 145 du Bulletin officiel des Cours professionnels, organe trimestriel », est datée avril-mai 1956. L’abonnement d’un an (quatre numéros) est de 600 francs. Le dernier numéro de Graphê, « bulletin d’information et de diffusion des techniques de l’imprimerie, édité par les Cours professionnels de la Chambre Syndicale Typographique Parisienne », porte le n° 42, il est daté juillet-août-septembre 1966.
Nous avions pris la décision d’arrêter la parution car il nous fallait investir dans du matériel pour les cours, la publication coûtait des sommes assez importantes à l’organisation : une partie des cotisations servait à boucher les trous financiers alors que le nombre des abonnés était plus faible parmi les adhérents que les personnes extérieures. Cette décision fut prise à contrecœur mais, dès 1968, nous pûmes installer des claviers perforateurs alors que les textes concernant la formation professionnelle continue ne furent votés qu’en 1971. Nous pensions qu’il fallait moderniser notre outil de formation alors que nous étions à la veille de grands changements, je le pensais d’autant plus que j’étais moi-même photocompositeur depuis 1961. De 1973 à 1986 j’ai assumé la responsabilité des cours.
En 1991, avec quelques amis, nous décidâmes de relancer Graphê en créant une association indépendante. Celle-ci prit le nom d’Association pour la promotion de l’art typographique, nous mîmes en place un conseil d’administration parmi des personnalités diverses qui voulurent bien être membres fondateurs : Georges Bonnin, Michel Crépin-Leblond, François Donzel, Michel Gérard, Michel Goislard, Alain Joly, Daniel Maquart, Jacques Maugard, Jean Miot, Bernard Montanier, Éveline Pisier, Dominique Siciliano, Jean Stère, Bernard Villeneuve et moi-même.
Un numéro zéro de notre publication parut en mars 1992. Les débuts furent difficiles, l’obtention des articles, la fabrication des pages par des bénévoles est une forme de challenge qu’il faut gagner à chaque fois : le n° 1 est paru en septembre 1992 et le n° 2 en avril 1993. Il nous faut remercier toutes les personnes qui donnent gracieusement leur temps et leur compétence pour le réaliser. Le 28 juin 1995 l’association prit le même nom que la publication avec la mention suivante : « Association pour la promotion de l’art typographique ». Actuellement nous paraissons trimestriellement sans publicité, nous avons heureusement l’aide de professionnels (Arctic Paper et Stipa) et des adhérents que nous remercions.
Notre but est de promouvoir la typographie et son art par tout moyen approprié, susciter, animer et encourager toute action au service de l’écrit et de la langue française par la qualité de la communication visuelle. Nous diversifions le contenu aussi bien en traitant du patrimoine qu’en publiant les derniers travaux de créateurs de caractères, en abordant la mise en page, l’affiche, la gravure, la reliure...
Nos derniers numéros ont été consacrés à Philippe Apeloig (affiches), à la reliure, à Pierre Faucheux (graphiste), à Richard Lempereur (calligraphe), à Fanch Le Henaff (créateur de caractères), à Keith Godard (graphiste).
Nos jeunes graphistes bénévoles (Aurélien Buffet, Laëtitia Costes) ont du talent.
Nous organisons une conférence annuellement à l’École Estienne, nous participons à différentes manifestations ou expositions (Chambre de Commerce, B.N.F., Puces typographiques).
Nous travaillons actuellement à la présentation d’un nouveau site Internet. Il nous faut consolider notre diffusion, augmenter le nombre de nos adhérents, ceux-ci sont majoritairement des professionnels mais aussi tout simplement des amoureux de beaux livres.
