Par Marc Barani, architecte.
« L‘architecture est la science des correspondances subtiles ».
Cette définition, héritée de la tradition hindoue, pourrait servir de fil conducteur pour saisir l’exceptionnelle qualité du Palais de l’Institut et conduire son évolution.
L’épaisseur historique du site induit un point d’appui pour concevoir le projet : voir le lieu comme un palimpseste.
C’est particulièrement vrai pour la parcelle de l’An IV, où subsistent, avec la valeur d’éléments structurants, le tracé de l’enceinte de Philippe Auguste, l’emprise du « jardin du directeur » et les « nouveaux ateliers ».
Ces éléments entremêlés, une fois mis en relation avec la cour 3 et les édifices qui la cernent, dressent les grands axes du projet.
La parcelle est dégagée de toute emprise au sol au droit de la cour, pour retrouver la pleine largeur du jardin qui s’y trouvait.
La cour peut alors se dilater jusqu’au mur de l’enceinte de Philippe Auguste, redonner sens à la véritable colonne vertébrale du site, pour proposer un vide, une amplification du sol. La halle conservée devient alors un filtre, qui sans limiter la nouvelle ampleur visuelle de la cour, restitue sa limite séculaire.
Les salles de réunion sont adossées au pignon de l’Hôtel de la Monnaie et suspendues au-dessus du foyer. L’auditorium se place en fond de parcelle.
Les trois entités : hall, bureaux et auditorium, restent distinctes, à la fois séparées et liées par des failles de lumière qui dessinent leur pourtour. L’ambiance lumineuse douce et agréable accentue encore l’effet de légèreté des volumes au-dessus du sol, ici en forme de socle massif.
Ces grandes lignes de la conception, pour dire que le projet propose, in fine, comme principe fondateur, de s’immiscer dans le faisceau complexe des interrelations qui lient les éléments constituant le Palais ; elles font ainsi entrer en résonance le nouvel aménagement avec la tradition de l’Institut et son avenir.