Inscrit dans les commémorations nationales de 2016, le cinquantenaire de la disparition de Jean Lurçat (1892-1966), peintre et rénovateur de la tapisserie, a orienté le choix du dossier de cette nouvelle Lettre, consacré à l’art textile. Le Secrétaire perpétuel, Arnaud d’Hauterives, évoque la genèse de la Fondation Jean et Simone Lurçat, fondation de l'Académie des Beaux-Arts, dans les pages dédiées à l'œuvre de cet artiste qui fut membre de notre académie, de 1964 à 1966.
La tradition plurimillénaire du textile repose sur un long héritage artisanal et économique en phase avec une créativité dont le Musée de l’Impression sur Étoffes à Mulhouse et le Musée historique des Tissus à Lyon témoignent par l’exceptionnelle richesse de leurs collections. Ces institutions en conservent la longue histoire patrimoniale et la mémoire historique, technique et artistique en étroite relation avec un métier qui évolua peu jusqu’à l’invention du métier de Jacquard à Lyon. La ville est le point d’ancrage d’une tradition du dessin perpétrée par les écoles et les fabriques où s’illustrèrent les dessinateurs-ornemanistes tels que Jean Pillement, Philippe de la Salle, tandis que les commandes royales et impériales stimulent une inventivité ornemaniste du textile lyonnais. Au XXe siècle, la tradition se renouvelle des créations de Raoul Dufy, Sonia Delaunay. De nouvelles matières textiles inspirent les créateurs de la mode.
Quant à la tapisserie contemporaine, héritière d’une pratique universelle, elle s’aventure sur d’autres terrains. Elle expérimente des matériaux nouveaux qui engendrent d’autres techniques, s’ouvre à l’espace et quitte le mur pour le volume et la troisième dimension au milieu des années soixante. La Biennale internationale de la tapisserie de Lausanne (1962-1995), créée à l’instigation de Pierre-Paul et de Jean Lurçat, a permis à de nombreux artistes de repenser le textile, promu au rang d’œuvre d’art.