Laurent Petitgirard, Secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts.
Introduire un dossier aussi complexe sur les origines de l’art, dans la perspective de l’ouverture récente de l’impressionnante « Lascaux IV », est particulièrement délicat pour un compositeur de musique.
Même si des fragments de ce qui devait constituer des instruments rudimentaires peuvent donner une vague idée de ce qu’il est permis de supposer avoir été les toutes premières « musiques » exprimées par des êtres humains, il nous est beaucoup plus difficile d'en appréhender le contenu que pour la peinture, la sculpture ou l'architecture, arts pour lesquels des exemples magnifiques ont défié le temps.
Le chant et la danse sont apparus très certainement au tout début de l'expression artistique, car l'homme s'y exprime avec son corps.
Il y a une relation fondamentale entre le souffle et la vie. La perception des sons, la compréhension de leur signification constituent une étape essentielle de l’éveil de la conscience.
C’est pour cette raison que la musique a autant contribué à nouer une relation privilégiée entre les hommes.
Les toutes premières créations humaines semblent liées à des pratiques funéraires, à des rituels de chasse incitant les hommes à imiter le chant des animaux ou beaucoup d'autres éléments de la nature.
Les peintures pariétales du paléolithique, à Lascaux ou Altamira comme à la grotte Chauvet, montrent, avec des troupeaux de taureaux et de félins, des mains plaquées au pochoir sur la paroi des grottes : beaucoup plus qu’une représentation esthétique, on peut y pressentir l'opération magique d’un rite propitiatoire.
Mais les recherches archéologiques les plus récentes attribueraient les multiples représentations de Lascaux, sinon à un seul homme, du moins à un unique maître d’œuvre.
Serait-il le premier artiste de l’espèce humaine ?