Par Nello Di Meo, co-directeur de la galerie Di Meo.
Marchand d’art et galeriste, je suis d’autant plus à l’aise pour parler de ces deux métiers, différents mais complémentaires, que je les ai exercés tous les deux ! Le marchand d’art ne fait pas la promotion d’un artiste contemporain, le galeriste oui.
Mon frère Dino avait ouvert en 1958 la Galerie Di Meo, rue des Beaux-Arts la bien nommée ! En 1968, avec l’aide de Marie-Laure et Charles de Noailles, il déménage dans une toute petite galerie rue de l’Echaudé. C’est de là qu’il m’a appelé à ses côtés l’année suivante en 1969 ; j’avais 24 ans, j’ai accepté, sans rien y connaître, par gout de la découverte, du beau et de la liberté.
Nous y avons été marchands, nous avons négocié, acheté et vendu des œuvres reconnues, sans risque culturel, avec éventuellement un risque financier. Cela a été une époque formidablement sympathique et intéressante qui nous a permis de nous faire connaître.
En 1985, avec l’accord de Dino et de Lydie – notre jeune sœur qui avait rejoints –, j’ai décidé d’essayer de faire quelque chose pour l’art... L’art avait tellement fait pour nous !
Nous sommes retournés rue des Beaux-Arts, dans une superbe galerie, où en plus de notre métier de marchands d’art, nous sommes devenus galeristes. Nous l’avons fait avec bonheur et réussite, et je crois pouvoir le dire, avec la reconnaissance de nos pairs et des collectionneurs.
Nous y avons présenté notre première exposition avec catalogue, une magnifique exposition de Jean Fautrier, dont nous sommes devenus spécialistes. La deuxième exposition a été tout aussi belle, celle de Enrico Castellani, qui n’était pas encore l’artiste important qu’il est aujourd’hui.
Des dizaines d’exposition dont nous sommes très fiers ont suivi, nous les avons faites avec passion, engagement et succès. Au fil des années, le métier changeant, notre frère Dino – trop tôt disparu – constatait qu’on ne parlait plus jamais d’art, mais uniquement d’argent ! Il avait raison, même s’il n’y a jamais eu d’art sans argent. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’une galerie ne se justifiait plus qu’à deux conditions : avoir beaucoup de moyens, ou des financiers et acheter des œuvres choisies, importantes, chères et... attendre, et présenter des artistes contemporains « dans le coup », à la mode, dont tout le monde parle, et que tous les collectionneurs, enfin presque tous, désirent.
N’étant dans aucun de ces deux cas, nous avons décidé, après une longue réflexion, par respect pour nos artistes, et pour rester en accord avec nous-mêmes, d’exercer notre métier de façon différente, avec moins de contraintes. Nous continuons donc à l’exercer depuis nos bureaux de la rue Mazarine.
Il appartient aux jeunes de talent, et il y en a beaucoup, de s’adapter à notre nouveau monde de technologie et d’information, qui heureusement ne supprimera jamais les rapports humains.