La Maison et les jardins de Claude Monet à Giverny

Gérer un patrimoine d’exception

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Restauré à la fin des années 1970, le sanctuaire givernois constitua le refuge de Claude Monet entre 1883 et 1926. Nimbée de souvenirs du temps d’avant, la bâtisse crépie de mortier rose mais aussi les jardins fleuris et reconstitués à l’identique plongent le visiteur dans l’univers familier du peintre-jardinier...

 

Le chemin central se borde de capucines et de roses odoriférantes.
Le chemin central se borde de capucines et de roses odoriférantes. Photo © Maison et Jardins Claude Monet - Giverny / DR

 

Les jardins : le Clos normand et le Jardin d’eau

Quand il s’installe à Giverny, le 29 avril 1883, Claude Monet (1840–1926) se prend de passion pour le jardinage. Le Clos normand d’abord, puis à partir de 1890, le Jardin d’eau, témoigneront de son engouement pour les plantes mais aussi pour leur « mise en scène » où il révélera une extrême originalité, réalisant deux jardins qui ne ressembleront à nul autre. S’entourant des conseils avisés d’un Georges Truffaut, échangeant ses expériences avec ses amis Gustave Caillebotte ou Octave Mirbeau, tous deux habiles jardiniers, fervent lecteur des catalogues des pépiniéristes, courant les expositions de plantes et les jardins botaniques, Claude Monet invente des jardins qui évoquent sa peinture, toujours en mouvement, où la lumière révèle les couleurs en vibrations continuelles.

Peu à peu abandonnés à la mort du peintre, les jardins seront restaurés à partir de 1977 avant d’être ouverts au public le 1er juin 1980.

D’avril à octobre, les jardins offrent une succession de floraisons remarquables. Bulbes, annuelles, bisannuelles, vivaces de printemps et d’été, nymphéas, arbustes à fleurs, rosiers, pivoines, vivaces et feuillages d’automne, ce sont des milliers de variétés végétales qui rythment la vie de ces jardins extraordinaires. Ici, le visiteur est convié à une expérience unique, celle de pénétrer au cœur même de l’imaginaire du peintre.

 

Vue du Clos normand et de sa longue maison en crépi rose.
Vue du Clos normand et de sa longue maison en crépi rose. Photo © Maison et Jardins Claude Monet - Giverny / DR

 

Les estampes japonaises : l’importante collection constituée par le peintre

Autre passion de Claude Monet, les estampes japonaises qu’il collectionne dès les années 1870 sont présentées dans la maison. Parmi les deux cent onze estampes exposées, le visiteur découvrira des ensembles cohérents portant les cachets d’Utamaro, d’Hokusai et d’Hiroshige. Claude Monet partageait avec ses amis peintres de l’Impressionnisme une réelle fascination pour la culture et les expressions artistiques de l’Empire du Soleil Levant.

La collection réunie à Giverny présente également un intérêt historique, car elle a été conservée dans son unité à quelques numéros près.

 

Katsushika Hokusai (1760-1849)
Katsushika Hokusai (1760-1849), Sous la vague au large de Kanagawa. Une des estampes, parmi les nombreuses de la collection du peintre, qui ornaient les murs de la salle à manger. Photo © Maison et Jardins Claude Monet - Giverny / DR

 

Dans l’intimité de Claude Monet : la maison

Comme les jardins, la maison a été restaurée entre 1977 et 1980. La visite permet de découvrir l’univers dans lequel vivait le peintre et son importante famille – lui-même avait deux fils auxquels vinrent s’ajouter les six enfants de sa seconde épouse, Alice Hoschedé.

Au rez-de-chaussée, après le petit « salon bleu » ou salon de lecture, la porte s’ouvre sur l’atelier primitif qui fut transformé en salon quand Monet installa un nouvel atelier à l’extérieur de la maison. Au premier étage, les chambres du peintre et d’Alice donnent, chacune, sur un cabinet de toilette. Enfin, dernière des pièces à l’étage, la chambre de Blanche Hoschedé-Monet, sa belle-fille, qui a été ouverte au public pour la première fois en 2014. Comme pour la chambre de Monet, le travail de reconstitution scénographique a été effectué par Hubert Le Gall, qui s’est inspiré d’intérieurs d’époque afin de restituer au plus près le lieu de vie de celle qui demeura à Giverny jusqu’à sa mort en 1947. De retour au rez-de-chaussée, le visiteur pénètre dans l’accueillante salle à manger, aux deux tons de jaune, comme du temps de Monet, qui semble attendre de nouveaux invités. Recouverte de carrelage bleu de Rouen, la cuisine était l’endroit « central » de la maison ; la table du peintre passait pour exceptionnelle et ne souffrait aucune négligence. Au terme de la visite, chacun éprouve la sensation d’avoir partagé l’intimité familiale de Claude Monet.

Léguée en 1966 par Michel Monet à l’Académie des beaux-arts, la propriété de Giverny a été restaurée entre 1977 et 1980 sous la direction de Gérald Van der Kemp, membre de l’Académie des beaux-arts. Aux budgets alloués par l’Académie des beaux-arts et par le Conseil général de l’Eure s’ajoutent à l’époque d’importantes donations venant des Etats-Unis, par l’intermédiaire de The Versailles Foundation Inc. Claude Monet-Giverny qui avait déjà aidé le Château de Versailles. La Fondation Claude Monet voit le jour en 1980.

Depuis le 26 mars 2008, Hugues R. Gall, membre de l’Académie des beaux-arts et conseiller d’État, préside aux destinées du site. 

 

Le salon-atelier
Le salon-atelier dont la reconstitution réutilise quatre-vingt pour cent du mobilier d’origine.  Photo © Maison et Jardins Claude Monet - Giverny / DR